Les singes de la sagesse
Je rêve d’un monde plus vrai, où l’on aurait pas honte d’avouer ses faiblesses. Je rêve d’un monde moins égoïste, où on se tendrait la main pour être plus fort ensemble. Je rêve d’un monde de paix et d’amour. Je crois qu’il ne tient qu’à moi de faire de mon rêve, ma réalité.
C’est probablement le mois de décembre et la fin de l’année qui veut ça mais je me prends à faire le bilan. Pas le bilan de mes 29 petites années de vie mais plutôt d’où j’en suis. Ici et maintenant. Dans l’instant présent.
J’ai toujours été un peu obsédée par le passé. Quand j’étais petite et que je cassais un truc, je me disais « mais pourquoi? Mais si seulement j’avais fait comme ça ou comme ci. J’aimerais revenir en arrière juste une micro seconde ». Je rêvais d’avoir les pouvoirs de Paige dans Charmed pour figer le temps et empêcher les trucs d’arriver. Mais voilà, bien que je sois un peu spéciale et dérangée sur les bords (ne sommes-nous pas tous un peu fous? ;)), je n’ai pas ce pouvoir là.
Ce qui est assez dingue c’est que le futur m’a toujours tout autant concerné. Comme si je n’étais pas capable de regarder le présent dans les yeux. J’ai toujours planifié clairement mon avenir. Je m’étais dit que je serai mariée et que j’aurais mon premier enfant avant les 89 ans de ma grand mère parce que toutes les femmes de ma famille sont décédées à cet âge et qu’il était inconcevable que ma deuxième maman ne connaisse pas mes enfants. Mais voilà ma mamie, ma maman de cœur, la femme que j’aimais le plus au monde, est partie plus tôt que « prévu », il y a bientôt 10 ans et tout s’est un peu emmêlé. Je n’ai pas d’enfants ni de projet d’en avoir, je n’ai pas une « carrière » dans le schéma normal et je n’ai aucune certitude.
Mais comment vit-on sans être certain?
Je me le demande tous les jours. Et il y a des jours où le poids de cette question est plus lourd que d’autres. Mais je crois qu’au fond de moi, je connais la réponse: vivre dans l’instant présent. Aussi dur et injuste que cela puisse être, on ne contrôle rien à part le présent. Ce qui est en train de se passer ici et maintenant.
Ca paraît si bête à dire et pourtant cela change tout. Les décisions que l’on prend dans le présent sont celles qui influenceront notre futur. Nous avons les clés de notre avenir, juste ici. Et si on prenait une décision maintenant? Et si on décidait de voir le verre à moitié plein?
Cette année 2016 a été assez incroyable. Incroyablement violente dans tous les sens. Je suis toujours en train d’essayer de comprendre ce qui se passe, toutes ses pièces de puzzle qui commencent à s’imbriquer pour me donner les clés de la personne que je suis. Comme si jusqu’à présent je n’avais fait que survivre et que j’avais besoin d’un électrochoc pour me connecter au présent, me reconnecter à la réalité. La vie peut parfois être dure et terriblement injuste mais tous les événements heureux, toutes les épreuves nous forgent et construisent la personne que nous sommes. L’une de mes plus proches amies (et aussi la plus forte et sage) me disait l’hiver dernier que j’étais toujours là, à vivre, et qu’il ressortirait quelque chose de tout ça. Que je serai plus forte, probablement plus épanouie.
Alors que l’année s’achève, je me sens nostalgique, souvent triste et perdue. J’ai changé deux fois de pays, et beaucoup de choses ont évolué autour de moi. Beaucoup de choses ont aussi changé en moi. Je suis devenue plus patiente, plus apaisée, plus détachée du matériel, et plus orientée vers mon bien être personnel. Le fait que je puisse mettre un nom sur mes sentiments, que je sois capable de savoir pourquoi je les ressens et quels sont mes mécanismes de défense dans ces moments est une avancée incroyable.
Cela fait presqu’un an maintenant que j’ai quitté mon ancien boulot de commerciale. J’ai créé des liens incroyablement forts avec des personnes qui étaient déjà dans ma vie, mais n’avaient pas la place de leur valeur. J’ai réalisé que j’étais bien mieux entourée que j’aurais pu l’imaginer. J’ai des amies formidables, un frère et une soeur incroyables, un mari tellement patient et soutenant. Je crois que jusqu’ici je n’avais pas réalisé la profondeur et la puissance de cet amour.
J’ai toujours été une personne qui se renferme quand je ne vais pas bien. Il m’arrive souvent d’avoir envie de prendre ma valise et d’aller hiberner loin de toute civilisation. C’est mon mécanisme de défense. Mais aujourd’hui je réalise le pouvoir d’être ensemble. De se reposer sur notre communauté. Je ne me suis jamais sentie aussi bien entourée et aujourd’hui je n’ai plus honte de partager mes états d’âme, de montrer mes « faiblesses ». On a tous nos coups de mou, nos questionnements sur la vie, nos moments de doute, de déprime. Mais je crois que la clé, c’est de partager. Vous serez probablement surpris, comme je l’ai été, de toutes les personnes qui essaieront de vous tendre la main.
Aujourd’hui, pour moi le plus compliqué, c’est cet apprentissage. Ne vous y trompez pas, j’adore cela mais comme tout travail, ce n’est pas toujours facile. Réapprendre comment je fonctionne, ce dont j’ai besoin pour être épanouie et ne pas retomber dans mes mécanismes de défense qui ne font qu’augmenter mon déséquilibre. Vivre loin de la plupart de « ma famille » est difficile au quotidien. Parfois, je rêverais de prendre un avion et de passer l’après midi à faire du patin à glace sur le port de Montréal, de me balader le long du lac de Genève en essayant de me souvenir de quel côté sont les Alpes et le Jura, d’aller boire le thé en région parisienne et sentir tout l’amour d’une famille épanouie…
La distance me pèse et je dois avouer que je trouve souvent les gens ici sur la Côte d’Azur un peu fermés. Aujourd’hui j’ai envie de partager et aider. Je crois que c’est cela que j’aime tellement dans le Yoga.
Quand je pratique, c’est un moment où rien d’autre n’a d’importance. Je ne suis plus trop ceci ou pas assez cela. Je suis juste présente et je peux lâcher prise. J’aime pratiquer et enseigner en cours collectifs pour le partage des énergies. Nous avons tous beaucoup de choses qui se passent dans nos vies, mais pendant une heure, on dépose tout sur nos tapis et la force des autres est incroyable pendant ces moments. C’est aussi pour cela que j’aime enseigner. Pour partager. Partager mon chemin. Aucun professeur n’a atteint « la lumière », la perfection car la vie est un éternel apprentissage.
Et j’espère continuer longtemps à partager mon chemin avec vous <3.
.
Que sont les singes de la sagesse?
Pourquoi ce titre? Parce que les singes pour moi (et une de mes amies qui se reconnaîtra), c’est tout ce qu’on a sur le coeur. C’est tout ce qu’on a besoin de dire. Et la sagesse, parce que toutes ses réflexions sont aussi importantes pour avancer sur son chemin.
Les singes de la sagesse sont une représentation d’origine asiatique de trois singes qui se couvrent une partie différente du visage avec les mains: l’un les oreilles, l’autre la bouche et le dernier les yeux. Ils représentent une maxime: « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal». À celui qui suit ce principe, il n’arriverait que du bien. A prendre avec philosophie.
J’adore cet article, plein de sincérité et de vérité. J’ai hâte de te rencontrer et de commencer ces cours avec toi. Tu as l’air d’être une très belle personne.
ET puis j’adore ton pays ???????? ET les gens qui y vivent
Bonne soirée.
Céline
Merci beaucoup 🙂 J’ai hâte aussi de te rencontrer et de faire du Yoga ensemble. A très bientôt 🙂 Bonne soirée à toi et passe de très bonnes fêtes. Delphine
Merci Delphine pour ce joli texte, très bien écrit, où je me reconnais aussi..
Le chemin de vivre le moment présent est un exercice de tous les jours…
Carole